le blues du semi-technicien

Nombre de personnes que je côtoie  ont cette chose en commun : l’amour des technologies.

Nous avons passé un partie de nos années d’études et de nos loisirs à mettre en œuvre des technologies diverses, souvent liées aux univers du multimédia et du web. On s’est donc mis à monter des films, coder des pages web, installer des frameworks, utiliser des scripts/applications en LAMP/WAMP, installer des systèmes d’exploitations « marginaux », faire de la retouche photo, … Et ce sans jamais suivre des cursus dédiés, « professionnels ». Chacun a développé un niveau d’expertise dans ces domaines en fonction de ses envies et de ses besoins, tout en poursuivant ses études, pour le plus souvent, autour de la gestion de projet, de l’animation, des usages et de la commercialisation de ces outils.

Hors, depuis quelques temps, en discutant avec différents interlocuteurs, je m’aperçois de l’apparition d’un syndrome que je nommerai « le blues du semi-technicien » (je n’ai pour le moment pas trouvé plus joli). Comment le définir ?

« Un manque de contact et de réalisation technique dans l’exercice d’une profession. » En d’autres termes : une frustration naissante de ne pouvoir mettre « les mains dans le cambouis » et de se limiter aux phases amonts et réflexives des projets sur lesquelles nous sommes amenés à travailler. Frustration d’autant plus grande, que beaucoup se sont souvent débrouillés seul pour produire leurs supports numériques.

Certes, à chacun son métier. Il est difficile d’égaler un « vrai développeur » ou « un vrai infographiste », et pour une entreprise il n’est pas rentable de mettre un non spécialiste d’une technologie à travailler sur cette dernière. Il n’en demeure pas moins, qu’ayant développé des connaissances sur ces secteurs, et même une certaine habilitée à les manipuler, il est souvent frustrant de ne pouvoir coder, agencer les éléments d’un module flash ou encore aller imaginer la charte graphique d’un client soi-même.

J’ai l’impression, peut être à tort, que la génération des 40 ans et plus, a eu la chance de pouvoir transformer sa passion autodidacte pour les technos en une activité professionnelle solide. Cette époque, pas si lointaine, de la conquête informatique me semble beaucoup plus ouverte que ce que vit la génération des 20/25 ans aujourd’hui. Quand j’ai réalisé mon premier site interne en local, dans les années 1999/2000, il suffisait d’avoir quelques notions de html et de js et très vite le tour était joué.

Aujourd’hui il faudra très vite prendre conscience de la production d’un code valide, se mettre au css, avoir une base de PHP et de SQL, et si ont veut être complètement dans le vent  se mettre à l’AJAX et au XML. Du coup, il est moins aisé d’être à la page rapidement.

L’adage ne ment pas : plus les technologies sont « easy to use », plus leurs développement est complexifié. On imagine bien que développer un système textuel est moins complexe qu’un système multimédia graphique.

Alors oui, même sans être « un professionnel », on arrive tous à faire de petite choses dans notre coin (les technologies étant de plus en plus simple à mettre en place et à customiser), et certains même à les monétiser ou à en faire leur job. Il n’en demeure pas moins, que coincés dans nos bureaux à des stades réflexifs, à manipuler du traitement de texte, du tableur et de l’email toute la journée, il est souvent frustrant de ne pouvoir se plonger dans un bain de création numérique.

Et là, le gros mot est lâché : autodidaxie. Aujourd’hui c’est un mot tabou dans bon nombre d’entreprise. Le fait de pouvoir faire profiter de ces compétences développées en dehors de tout cadre « réglementaire » est tout simplement ignoré. Et si l’on s’avise d’aller donner conseil à un titulaire du domaine, c’est souvent pour se prendre un mur.

Vous aussi, vous ressentez ce « blues du semi-technicien » ?


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Commentaires

2 réponses à “le blues du semi-technicien”

  1. Avatar de Yohann
    Yohann

    Effectivement, je comprend mieux pour la photo… 😉 A la fin de ton article, je ne suis pas d’accord avec toi : »Le faite de pouvoir profiter ces compétences développées en dehors de tous cadres « réglementaires » est tout simple ignoré »

    Aujourd’hui, avec les nouvelles formes de CV, on met en avant nos compétences, rien ne t’empêche d’en mettre une que tu as acquises de manière autodidacte !
    Pour expliquer celle-ci tu as forcement réalisé des activités concrètes (projet associatif, site web ou autre) donc tu pourra justifier facilement cette compétence.

    Je ne pense pas que cette compétence sera ignoré par ton employeur si tu sait bien la mettre en avant

  2. Avatar de Tangi Bertin

    Pouvoir montrer et attester de certaines compétences pour montrer un intérêt et une connaissance de l’univers métier, ou son ouverture d’esprit, bien sur, c’est un vecteur de facilitation.

    Mais ce n’est pas pour autant que dans l’esprit français, enfin de la façon dont je le perçois, on laisse une personne non formée travailler à un poste qu’elle ne peut que justifier par l’autodidaxie.

    Certes, je crois que nous deux nous avons eu la chance de tomber sur des entrepreneurs ouverts, et dans des entreprises de dimension moyenne. Mais je ne crois pas que ça soit le cas partout, loin s’en faut.

    La France reste le pays de la belle image du diplôme !

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