Pourquoi j’écris en Markdown

Mais c’est quoi Markdown ?

«A Markdown-formatted document should be publishable as-is, as plain text, without looking like it’s been marked up with tags or formatting instructions.» (John Gruber)

Le Markdown est un langage de balisage léger. Imaginé au début des années 2000 pour distinguer la structure sémantique (titres, sous-titres, paragraphes, …) et la mise en forme d’un document, MD (pour les intimes) permet de produire des contenus éditoriaux dont le code est facilement compréhensible par un humain[1].

Inspiré par la structuration des emails en « texte plein », Markdown est un langage facile à lire, sans tags étranges ni balises originales.

De plus, et cela sera un point important pour la suite, MD est facilement convertible en XHTML (ou HTML)[2].

Markdown, vous l’avez probablement déjà rencontré sans le savoir, même dans des applications à grand succès comme WhatsApp et Hangout ou encore dans les commentaires YouTube.

Pourquoi j’utilise Markdown ?

Le positionnement

Dans une optique de libération des individus des technologies qu’ils utilisent, et en vue d’améliorer leur compréhension de ces mêmes outils, indispensables à une vraie libération, MD semble être un point d’entrée intéressant.

La dynamique de travail collaboratif que j’ai rencontré dans Cité Libre a amené la recherche d’outils et de formats de fichiers pour que les membres de l’équipe puissent produire du contenu ensemble. Articulé autour d’un dépôt Git, notre workflow (imaginé par Pierre) s’est naturellement orienté vers Markdown, à la façon de très nombreux développeurs qui optent pour ce langage afin de publier leur documentation. Cette dernière est ainsi facilement lisible et accessible au travers d’un rendu interprété en html.

Les technologies ne doivent pas être des boîtes noires magiques mais des outils dont nous percevons, à minima, le fonctionnement, et dont les algorithmes mis en œuvre sont accessibles à tous.

La notion d’appropriation se révèle problématique en ce qui concerne les logiciels, surtout lorsqu’ils sont dits propriétaires, c’est-à-dire lorsqu’ils nous privent de cette capacité. Notre usage quotidien des traitements de texte, dont nous avons appris à tirer le meilleur avec le temps, conduit à nous les rendre familiers, de telle sorte que nous pensons nous les être appropriés (JULIEN DEHUT, 2018)[3]

Les mauvaises habitudes liées aux outils de traitement de texte

Dans son excellent article Markdown comme condition d’une norme de l’écriture numérique[4] Antoine Fauchié fait un panorama de la situation actuelle dont l’un des mots majeurs, selon lui est le WYSIWYG (What You See Is What You Get, ou ce que vous voyez est ce que vous obtenez en français).
L’avènement du WYSIWYG s’est fait à une époque où l’essentiel de la documentation produite au travers de l’ordinateur avait une seule finalité : être imprimée sur papier. La force du dispositif est d’avoir une impression aussi fidèle que ce que l’utilisateur voit à l’écran. Cependant, avec les années, ce paradigme, avec la migration des habitudes de lecture vers l’écran au détriment de l’imprimé et à la multiplication des devices, est devenu caduc.

le mode WYSIWYG suppose que la façon dont nous mettons en forme un document devra être similaire partout, sans accepter qu’il puisse y avoir des différences : par exemple entre deux navigateurs web ; ou, dans le cas du livre numérique, entre deux dispositifs ou applications de lecture16 ; ou encore, dans le temps, en fonction des évolutions des standards ou des moteurs de rendu. (JULIEN DEHUT, 2018)

Les documents produits par les traitements de texte se révèlent fondamentalement inadaptés à cet horizon de la consultation qui n’est plus l’imprimerie, mais l’ordinateur. En la matière, un logiciel écrase la concurrence depuis des années : Microsoft Word[5]. Comme ses camarades du secteur (Page, libre office, …) en plus de ne pas avoir abandonné le cadre rassurant de la page A4, et malgré l’apparente facilité induite par l’interface, la sémantique est un élément peu valorisé et souvent oublié. Mais « un texte en gras et en corps 24 ne sera pas un titre de niveau 2, à moins de qualifier ce texte sémantiquement« [4:1]. Résultat : un document lisible et compréhensible par l’humain, un contenu sans sens pour la machine.

Dans un univers plus proche de nous, l’éditeur visuel pour HTML (cms, ide,…), et ce, malgré de grand progrès ces dernières années dans la qualité du code produit, apporte encore trop souvent la confusion entre forme / sémantique. Pourtant, nous savons à quel point elle est importante pour tous les périphériques d’affiches, pour les systèmes d’aide aux déficients visuels et auditifs, ainsi qu’à nos moteurs de recherche préférés.

Sans Web sémantique, sans cette lisibilité fondamentale, Google, en tant que moteur de recherche serait aveugle, puisque pour être indexées, utilisées, diffusées, les données doivent être lisibles. Or, non seulement enregistrer un texte sous le format docx ne le rend pas lisible pour des yeux humains, pas plus que le format doc, ou le format odt ; mais plus encore, l’enregistrement d’un texte dans l’un de ces formats le rend même illisible pour toute autre chose que par un logiciel de traitement de texte. L’enregistrement d’un fichier dans ces formats, en compilant avec le texte toutes les informations relatives à la mise en page, le rend donc inutilisable dans le cadre de ce nouvel horizon de consultation que représente le Web. D’autant que les traitements de texte n’autorisent qu’un contrôle partiel sur la gestion des métadonnées qui sont pourtant un élément fondamental de ce Web sémantique. (JULIEN DEHUT, 2018)

Markdown : language pivot et normatif

Le document numérique est un contenu dont la structure est distincte de la mise en forme, et possédant une structure sémantique. Mardown répond à ces impératifs : syntaxe simple et intention sémantique. Malgré quelques manques dans la syntaxe d’origine (comme les notes de bas de page), on peut voir en MD un standard avec un tronc largement commun ouvrant l’écriture numérique à de nombreux horizons. On notera le bel effort de l’équipe de https://commonmark.org pour produire une syntaxe unifiée.

Markdown est un language pivot qui permet une écriture numérique de qualité et offre à ses utilisateurs la possibilité de diffuser le contenu rédigé en HTML, .doc, .docs, LateX, PDF, ePub …

Utiliser Markdown

Quand vous utilisez un traitement de texte, ce que vous tapez à l’écran subit directement les modifications de style que vous appliquez. Le résultat est donc ce que vous voyez en temps réel à l’écran (logique imprimerie). Produire un document en markdown se fait le plus souvent de façon différente au travers de 2 étapes : rédaction/structuration (au sein d’un logiciel d’écriture) et « compilation » vers un format de fichier offrant des options de lecture et de mise page (PDF pour l’impression et le desktop, HTML pour le desktop et le mobile avec mise en forme « liquide », ePub pour les liseuses et le mobile, format word / open office, …).

Comme évoqué plus tôt, même si le texte/code écrit en MD reste lisible par un humain, il n’en demeure pas moins dépourvu de mise en forme dans le sens de mise en page. Cependant pour les plus réfractaires, il existe des systèmes WYSIWYG pour Markdown (on n’est pas à un paradoxe près).

La syntaxe de base

Il ne vous faudra que quelques minutes pour vous familiariser avec la syntaxe[6] de MD. A titre d’exemple :

# Titre de niveau 3

Oportunum est, ut arbitror, explanare nunc causam, quae ad exitium praecipitem Aginatium inpulit iam inde a priscis maioribus nobilem, ut locuta est pertinacior fama. Nec enim super hoc ulla documentorum rata est fides.

## Titre de niveau 4

**Du Gras**, _de l'Italique_ [un lien](#) quem metuat, aut eum a quo se metui putet? Coluntur tamen simulatione dumtaxat ad tempus. Quod si forte, ut fit plerumque, ceciderunt, tum intellegitur quam fuerint inopes amicorum. Quod Tarquinium dixisse ferunt, tum exsulantem se intellexisse quos fidos amicos habuisset, quos infidos, cum iam neutris gratiam referre posset.

Sera interprété ainsi :

Titre de premier 3

Oportunum est, ut arbitror, explanare nunc causam, quae ad exitium praecipitem Aginatium inpulit iam inde a priscis maioribus nobilem, ut locuta est pertinacior fama. Nec enim super hoc ulla documentorum rata est fides.

Titre de niveau 4

Du Gras, de l’Italique un lien quem metuat, aut eum a quo se metui putet? Coluntur tamen simulatione dumtaxat ad tempus. Quod si forte, ut fit plerumque, ceciderunt, tum intellegitur quam fuerint inopes amicorum. Quod Tarquinium dixisse ferunt, tum exsulantem se intellexisse quos fidos amicos habuisset, quos infidos, cum iam neutris gratiam referre posset.

De l’écriture à la conversion

Les éditeurs plus ou moins WYSIWYG

Il y a plusieurs années, Mashable proposait une liste de 78 éditeurs pour Markdown[7]. La situation n’a pas tellement changé et un grand nombre de solutions s’offre à vous pour vous adonner à votre nouvelle passion : écrire en MD. Vous pourriez vous limiter au bloc-notes standard de votre système d’exploitation, mais vous risqueriez de passer à côté de bien des facilités. Ci-dessous une sélection maison :

  • Abricotine est un joli éditeur publié sous GPL-3. Export en html, coloration syntaxique basique, mode sombre, il ne lui manque presque rien, si ce n’est un menu visuel avec les principaux raccourcis et l’export en PDF. Attention cependant : la dernière version commence à dater. Disponible sur Windows / Linux / Mac.
  • Stackedit vous permet d’écrire en MD au travers de votre navigateur web. Ecriture et visualisation en temps réel grâce à une interface coupée en 2. Il est possible de l’installer sur sa machine / serveur.
  • Joplin est l’une des offres les plus complètes du monde open source. Synchronisation, rangement, chiffrement et interface efficace sont au programme. Il ne lui manque plus qu’un support natif des syntaxes MD étendues. Disponible sur Windows / Linux / Mac.

Dans l’univers des logiciels propriétaires on signalera le minimaliste et stylé Typora, le puissant MarkdownPad et le très sobre/multiplateformes iA. Si vous vous lancez dans la rédaction d’une thèse ou d’un long article, vous pourriez aimer Scrivener.

Sur des plateformes tout aussi fermées mais proposant une touche de collaboration on retiendra GitBook, HackMD, authorea et TrendMD.

Pour les plus aventureux d’entre vous, il existe Stylo une chaîne éditoriale « pour les sciences humaines et sociales[8] » (je n’ai pas compris la licence utilisée sur le code, mais il est à parier que c’est du Creative Commons). Le code est disponible sur GitHub. Une vidéo des CRIHN 2018 présente l’outil.

Pour aller plus loin sur la question des éditeurs Markdown, je vous renvoie vers Le tango des éditeurs markdown de Christophe Masutti.

Les IDEs

Pour celles et ceux qui préfèrent se tourner vers un logiciel « pour les programmeurs », voici une sélection parmis la plétore de possibilités :

  • AtomLicence MIT and product by GitHub – Linux / Windows / Mac
  • BracketsLicence MIT – Linux / Windows / Mac
  • Visual studio codeLicence MIT en version expat – Windows / Linux / Mac (l’exécutable semble utiliser une licence privateur)

La chaine éditoriale

Les difficultés de la conversion

Markdown en tant que langage interprété possédant une syntaxe évolutive (comme par exemple MultiMarkdown et GitHub Flavored Markdown), et évoluant dans un écosystème ouvert souffre de son principal avantage : la conversion.

Qui dit transformation dit norme. Et visiblement, chacun en fait à sa tête. Autant la structure générale du document sera respectée, autant de nombreuses surprises peuvent apparaître en fonction de l’outil que vous utiliserez :

  • Possibilité de personnaliser la couleur, taille et police de votre texte
  • Transformation correcte des caractères Unicode
  • Conversion des smileys et emojis en image
  • Gestion des notes de bas de page

Et autant vous le dire sans plus de détours, atteindre le résultat que vous recherchez demandera très probablement un investissement temporel non négligeable.

Pour notre part, nous utilisons un IDE pour l’écriture, Pandoc pour la conversion en HTML et Wkhtmltopdf pour transformer le HTML, couplé à une feuille de style CSS en PDF.

Il faut reconnaître que la production des documents à partir du Markdown en conjonction de Pandoc demande dans un premier temps un certain investissement, en tout cas une motivation quotidienne, et peut-être quelque chose d’une résolution indéfectible. Cet investissement nous semble pourtant la contrepartie indispensable dont on doit s’acquitter dans le dessein de s’approprier, au sens de faire sien, ce qu’est devenu l’écrit dans notre société aujourd’hui. (JULIEN DEHUT, 2018)

Pandoc

Pandoc est un logiciel libre de conversion de documents numériques en ligne de commande développé par John MacFarlane en Haskell et publié sous licence GPL.[9]

De base, la syntaxe de mise en œuvre de Pandoc est plutôt simple. Pour convertir votre fichier Markdown en PDF par exemple, rien de plus simple. On ouvre le terminal et on tape :

pandoc source.md -o sortie.pdf

Pandoc fait usage du langage LaTeX (un langage de rédaction de document plus complexe que MD, offrant plus de possibilités et qui est très utilisé dans le monde universitaire). Le rendu final est très académique. Travailler le rendu visuel de LaTex semble vraiment très complexe. Rien que pour ajouter une nouvelle famille de police … Avec l’installation de packages LaTeX j’ai réussi à utiliser la font que je voulais, mais le système ne gérait pas … le gras, l’italique et l’imbrication des 2. Parce que l’on ne peut pas tout faire de front, j’ai décidé de passer par Wkhtmltopdf (argument html5) via Pandoc pour transformer mon MD en HTML. J’y ai adjoint une feuille de style pour … styliser les différents éléments du texte. Même les fonts extérieures (google fonts, …) sont fonctionnelles. L’argument « –self-contained » permet d’écrire fonts et images directement dans le code HTML, pour faciliter le partage, sans avoir une multitude de fichiers à partager.

pandoc --self-contained -t html5 markdown-cite-libre.md -o markdown-cite-libre.html --css test.css

Wkhtmltopdf

Comme son nom l’indique, Wkhtmltopdf permet de transformer un fichier HTML en PDF. J’aurais pu l’utiliser directement « dans » Pandoc, mais certaines commandes m’étaient inaccessibles, comme l’édition du pied de page, la numérotation des feuillets, …

Pour faire marcher ce logiciel il m’a fallu rajouter, sous winddows, une variable d’environnement.

wkhtmltopdf --footer-center [page]/[topage] --footer-left "coucou à gauche" --footer-right "coucou à droite" --footer-font-size 8 --encoding 'UTF-8' markdown-cite-libre.html markdown-cite-libre.pdf

Conclusion

Markdown est un language léger. Sa prise en main est rapide, son usage sur les plateformes web est simple, sa conversion en pdf / html parfois complexe (annecdote : Pandoc réclame un saut de double saut de ligne entre un titre et un paragraphe. J’ai mis beaucoup de temps à comprendre le non rendu de titres, problèmes que je n’avais pas dans le rendu web de GitLab).

C’est un outil d’écriture. Il n’a pas été imaginé comme un outil de PAO. Pas d’espaces insécables, pas de positionnement fin des images, un rendu parfois variable (en fonction de l’outil utilisé), … A moins qu’il me faille un peu plus d’entraînement !

Il n’en demeure pas moins un magnifique objet, qui permet de se concentrer sur le texte, -et non sur la forme. Qui permet de repenser sa pratique d’écriture, de redonner du sens à la sémantique et de se détacher du paradigme de la feuille A4.

Il me reste encore du travail. Certains élements de rendu ne me conviennent pas encore : l’affichage des objets SVG est vraiment mauvais (mais pas tellement plus qu’avec des outils privateurs, comme la suite CC d’Adobe) et les smileys/emojis ne sont pas interprétés en images. Les caractères Unicode posent encore souvent problèmes. Problème également de priorité CSS pour les notes de bas de pages.

Et vous dans tout ça, comment produisez vous avec MD ?


        1. Markdown sur wikipedia ↩︎
        1. Inline Html ↩︎
        1. En finir avec Word ! Pour une analyse des enjeux relatifs aux traitements de texte et à leur utilisation ↩︎
        1. Markdown comme condition d’une norme de l’écriture numérique ↩︎
        1. MS Word et les années 90 ↩︎
        1. https://fr.wikipedia.org/wiki/Markdown ↩︎
        1. https://mashable.com/2013/06/24/markdown-tools/ ↩︎
        1. http://blog.sens-public.org/marcellovitalirosati/stylo/ ↩︎
      1. https://fr.wikipedia.org/wiki/Pandoc ↩︎

Petite histoire de la colonisation catholique de la Bretagne

Cet été, je suis retourné voir le Menhir christiannisé de Saint Uzec. Je n’y étais pas retourné depuis de nombreuses années. Le descriptif m’a étonné :

Ce monument mégalithique est christianisé en 1674 lors d’une Mission de « l’apôtre de la Bretagne », le père jésuite Julien Maunoir qui le fait insérer dans un enclos ayant un accès par échalier, le fait peindre, sculpter et surmonter d’une croix. La christianisation des « pierres dressées » témoigne d’une volonté d’assimilation des signes religieux antérieurs1.

La date de 1674 m’a semblé très tardive pour une campagne de christianisation alors que la Bretagne est souvent présentée comme terre éternelle du catholicisme. Comment la colonisation catholique s’est elle mise en place ? Comment le colon a-t-il tué les anciens dieux, les anciennes croissance, les savoirs druidiques, … ?

Une partie de la réponse se trouve dans l’excellent livre “Histoire religieuse de la Bretagne” de Georges Minois aux éditions “Les universels Gisserot”.

Pour l’historien, le mouvement a été lent et plutôt tardif. Rien de bien significatif avant le VIIème siècle, pour un endoctrinement des masses au XIIème. La recette du succès ? Un recours presque systématique au syncrétisme pour incorporer les traditions ancestrales au dogme de Rome. Ce puissant ancrage permettra à la religion de se maintenir même dans les périodes les plus troublées de l’histoire flirtant allègrement avec les soubresauts des relations franco-bretonnes. Le choc de la révolution française sera d’ailleurs un facteur d’unification religieuse.

Un bel exemple de survivance des anciennes croyance avec ce l’ankou, de l’église Saint-Marc de l’Ile-Grande.

Le cheminement de l’adhésion de la population au culte n’a pas été de tout repos pour le colonisateur. S’appuyant sur un clergé de faible qualité, éloigné du dogme romain il aura fallut aux élites religieuses de très nombreux siècles pour former ses prêtres. De “l’ami” du début, le prêtre finit par se transformer en une personne austère, craint et respecté.

C’est finalement “l’évangélisation” du peuple à la science, au 19ème, qui mis réellement fin aux croyances celtiques. En effet, la force de cette religion ”réside dans son caractère désincarné”. “Seule la science peut venir à bout d’une religion des forces naturelles, en les expliquant”. “Il est très difficile à une religion de supplanter un tel culte : ni temple, ni idoles, ni textes sacrés à détruire; le vent, la pluie, la foudre, la lune, les sources, les pierres, les arbres, sont indestructibles. Le culte peut se dérouler partout, dans la lande, la forêt.”

Bonus : on trouve dans l’ouvrage une explication du nommage des villes bretonnes dont le mécanisme est particulière vrai à l’ouest, mais tend à disparaitre à l’est. Le nom d’un saint évangélisateur est associé à un préfixe pour former le nom d’un paroisse.

  • « plou » correspondent à un centre de peuplement : Iestin (Plestin), Edern (Plouédern), Armel (Plouarzel) …
  • « lan » ont pour origine un ermitage ou un monastère autour desquels se sont battis quelques maisons : Lanmeur, Langoat, …
  • « tré » est un hameau écarté qui donenra naissance à une nouvelle paroisse : Treberdun, Tregastel, …

Ma stratégie de sauvegarde de mes photos

Depuis que j’ai posé le doigt sur un déclencheur numérique, je n’ai eu de cesse de travailler à la sauvegarde de mes photos, ainsi qu’à leur tri. Il serait bien dommage de seulement laisser les fichiers numériques dormir froidement dans un coin de disque dur …

Un archivage au regard du temps

Attention spoiler alerte : il n’existe pas de solutions “numériques” parfaites pour entretenir votre fond de photographies digitales dans le temps et à moindre coût. La faute à l’obsolescence rapide des technologies, la multiplication des formats de données, les supports bardés de brevets propriétaires, le manque de suivi dans le temps par les industriels de leurs matériels, l’évolution des capacités de stockage … Imaginez le cas d’une collection de films en VHS, une collection de photos sur disquettes, … cela demande des pièces détachées en masse, un savoir-faire en bricolage, … Il est souvent estimé qu’une technologie numérique dispose d’une vingtaine d’années de durée de vie.

De grandes institutions comme la BNF tentent de trouver des modèles de conservation. L’industrie nucléaire quant à elle table sur une vieille technologie inventée entre autre par un certain Johannes Gutenberg, il y a plus de 600 ans : l’imprimerie. La solution du livre / album photo semble aujourd’hui celle offrant le ratio longévité / coût le plus bas. Un papier de qualité avec une encre haute tenue peut mener un ouvrage à vivre entre 500 et 1000 ans. Allez découvrir les belles possibilités offertes par Blurb dans le domaine du livre photo.

Ne nous laissons pas abattre, il existe néanmoins des possibilités numérico-électroniques, mais comme vous l’aurez surement compris, elles auront une durabilité court et moyen terme. A prévoir : renouvellement et évolutions régulières.

De multiples configurations possibles

Sauvegarder des données ouvre un champ de possibilités important en fonction du niveau de sécurité souhaité, de sa philosophie vis à vis des opérateurs privateurs, de son souhait ou nom de partager la donnée avec ses proches / clients / collègues, du budget dont l’on dispose, du temps / compétences techniques de l’utilisateur. On peut citer entre autre :

  • Sauvegarde directe vers “le cloud” : de Dropox à Google Drive / Google Photos, en passant par Hubic et OneDrive, l’embarras du choix est là. Vous pouvez à la fois sauvegarder et partager vos contenus (en complément : un comparatif chez lebigdata et tomshardware). Il existe également des services comme Amazon Glacier conçus dans l’optique de conserver ses fichiers pour le jours où une récupération d’urgence est nécessaire. Pas de partage, ni de travail en ligne sur les fichiers au programme. Dans le domaine, Backblaze est également une solution intéressante. Attention cependant à ces solutions : entre le manque de délicatesse de nombreux opérateurs au sujet de la vie privée de leurs utilisateurs, de l’arrêt soudain de certaines offres, de rachats inopinés changeant les conditions d’utilisation, de changements de stratégies surprise, … il faut parfois être agile pour migrer rapidement ses précieux contenus.
  • Sauvegarde au sein d’un serveur domestique, puis doublage de la sauvegarde dans le “nuage”.
  • Sauvegarde domestique puis réplication sur un serveur privé externe

Pour ma part, j’ai opté pour cette dernière solution.

Premier point de sauvegarde : le stockage et la sauvegarde à domicile

La première étape dans une stratégie de sauvegarde réussie est d’avoir un espace de sauvegarde en dehors de votre ordinateur de travail. Je suis d’avis de proscrire tout ce qui est supports amovibles (clefs usb, disques durs externes) : le risque de casse est relativement plus élevé que d’autres supports.

Avant de penser sauvegarde, il faut penser rangement. J’utilise la technique du classement temporel/chronologique. Un répertoire par années, à l’intérieur duquel on retrouve un répertoire par mois. A l’intérieur de ceux-ci on retrouvera un dossier par série. Je trouve que les classements de type événements / classement thématique (un dossier de base par type d’événement : mariage, soirée, balades, …) devient très rapidement illisible. Comme nous le verrons plus loin, j’utilise en complément un logiciel pour donner du “sens” et de “l’intelligence” à mes collections. Une fois la carte mémoire de mon APN (Appareil Photo Numérique) vidée sur mon ordinateur, une fois triées et rangées, mes photos sont copiées sur le NAS (Network Attached Storage – Serveur de Stockage en Réseau).

Il s’agit d’un boitier qui se connecte au réseau local, contenant une capacité de stockage et un logiciel d’administration. De nombreuses entreprises proposent des modèles, d’Apple avec sa TimeCapsule en passant par Qnap, Synology, Buffalo, Western Digital, … Pour celles et ceux qui souhaiteraient aller plus loin sur le contrôle du matériel et du logiciel de leur espace de sauvegardes, il peuvent se tourner vers des constructions maison ou  des distributions libres proposées pour certains NAS grand public.

Pour ma part mon premier périmètre de sauvegarde s’appuie sur un NAS Synology. Mon espace de stockage est construit autour de 2 disques durs configurés en Raid 1 : les données y sont copiées en “miroir”, c’est à dire qu’à tout moment, les 2 disques contiennent l’ensemble des données. Cela permet de palier l’un des grands dangers qui guette nos précieuses sauvegardes : la casse du support de stockage. La probabilité que les 2 disques cassent en même temps est relativement faible. On peut également, pour réduire encore plus les probabilités de crash, prendre 2 disques de 2 séries de productions ou de 2 marques (attention, il faut que les caractéristiques de vitesses et de tailles soient similaires, sinon le dispositif se limitera aux capacités les plus basses).

Pour automatiser la sauvegarde de mes photos de mon ordinateur jusqu’au NAS, j’utilise Cloud Station fourni par le constructeur. D’autres outils existent, comme l’excellent SyncBack. Ce qui m’a fait pencher du côté du logiciel Synology est sa capacité à faire du versionning (enregistrée de façon transparente plusieurs versions d’un même fichier, et pouvoir revenir à une version antérieure en cas de problème). Bien que le versioning impose une consommation d’espace possiblement plus importante, cela permet également de ne pas se retrouver à pleurer le jour où un ransomware aura crypté l’ensemble de vos données …

Second point de sauvegarde : à l’extérieur du lieu de stockage principal

Votre premier point de sauvegarde est en place. Mais que se passera-t-il en cas d’incendie, de vol, de sinistre, … ?

II est important de créer un point de stockage éloigné du premier afin de maximiser la protection de vos précieuses données.

Dans mon cas j’utilise un second NAS Synology monodisque pour le moment. Grâce à l’application Hyper Backup proposée par le constructeur, je peux en toute souplesse réaliser des sauvegardes programmées NAS à NAS.

Évidemment pour qu’une telle solution soit viable, il faut une connexion robuste. En effet, le poids des fichiers photos à tendance à prendre de l’embonpoint au fur et à mesure que la taille des capteurs progresse et que le format RAW se généralise. D’un à deux mégas par fichiers il y a une dizaine d’années, on se retrouve facilement avec des fichiers de 25 mo voire même 50 mo sur les réflexes haut de gamme.

Pour le partage des contenus, je panache entre les services cloud des GAFA et les options proposées par mon NAS (la fibre étant passée par là, elle a fortement changé la donne).

Comme évoqué précédemment, vous pouvez choisir un opérateur de solutions « cloud » pour ce second niveau de stockage.

Gestion et exploitation des collections à l’aides de logiciels

Encore une fois, une mise en garde me semble s’avérer utile : pour exploiter tout le potentiel de votre fond photographique, qu’il soit personnel ou professionnel, il faut utiliser un logiciel qui vous permettra d’ajouter tag/mots clefs sur vos précieux clichés, faire des présélections, des sélections thématiques, … mais encore une fois, nous sommes confronté régulièrement à la volatilité des décisions des éditeurs de logiciels. Les utilisateurs Apple ont eu par exemples, il y a quelques années, à faire le désagréable constat de l’arrêt de leur logiciel fétiche : Aperture. Chez Google même topo : l’éditeur annonce la fin de l’une des références gratuite et grand public : Picasa.

Pour ma part j’utilise Adobe Lightroom. La puissance des produits Adobe, sa souplesse, ses nombreux outils, ses imbrications avec les autres logiciels de l’éditeur en font un champion. Mais son prix peut être un frein important à son utilisation.

D’autres solutions existent de XnView à ACDSee en passant par les applications proposées par votre système d’exploitation. Vous trouverez une liste non exhaustive de possibilités ici. Picasa reste pour le moment encore téléchargeable.

Les galeries photos des NAS proposent souvent aussi des compromis intéressants bien qu’un peu lent, mais prenant en charge de nombreux formats. Chez Synology, Photo Station propose gestion des métas donnés, ajouts de tag, tri temporels ou en fonction de mots clefs…

Lightroom

J’ai commencé sur Photoshop Album (logiciel également disparu) avant de migrer sur Lightroom. J’ai ainsi au fil des années “cartographié” mes photos en identifiant sur chaque photo :

  • le lieu
  • la thématique / l’occasion
  • les personnes présentes
  • ..

Je peux ainsi facilement en combinant les options de recherche temporelle et par mot clefs retrouvé toute les photos de moi en mars 2012.

Des idées d’organisation de photos sous lightroom (mais ça marche aussi sur les autres logiciels pour les grands principes) :

Conclusion en chiffres

Et combien ça coute tout ça ?

  • Un NAS avec 2 disques dur de 3 To pour faire un joli Raid 1 : environ 400 € (exemple : Synology NAS DS216j + Disques WD)
  • Un Nas Apple AirPort Time Capsule : à partir de 350€
  • Un abonnement à un service cloud : à partir de 50€ / an à beaucoup beaucoup plus

Quelques thés à découvrir ou redécouvrir

Une liste sans prétention de mes thés du moment. Plusieurs distributeur sont représentés : Mariage Frères, Dammann frères, Le palais des thés, Cape and Cape et Kusmi tea.

« On boit le thé pour oublier le bruit du monde ». Lu Yu Maître de thé sous la dynastie Tang (618-907).

Thés noirs

  • Earl Grey Franch Blue : un earl grey avec de jolies petites fleurs bleues. L’un de mes classiques. J’y reviens, et j’y reviens encore.
  • Festin d’or : une petite note de menthe dans un tourbillon d’agrumes. C’est pour moi l’un des thés de l’été.
  • I have a dream : un thé noir très très gourmand, un parfum unique, … Un thé qui pétille. Je ressens comme un petit gout de mangue en bouche.

Thés verts

  • Menthe glaciale : Le seul thé que je connaisse avec un tel effet givré. L’idéal pour se rafraichir.
  • Thé du Sahara : Un thé frais et fleuri grâce à la rencontre de la menthe douce et de délicats pétales de rose.
  • Jasmin Magique : un thé au jasmin de grande qualité.
  • Jasmin Précieux : un thé au jasmin très délicat. Contrairement à beaucoup d’autre thés construits autour de ce parfum, ici il n’y a pas d’huile essentielle de jasmin. Les feuilles de la plantes ont été mises à fermenter avec le thé, puis retirées. Résultat : un parfum délicat où les notes de jasmin n’écrasent pas le gout du thé.
  • Soleil Vert : un thé vert parfumé à l’huile essentielle d’orange sanguine. Fraicheur et originalité dans la tasse.
  • Havanita : un thé orignal, rencontre entre agrumes, menthe et … rhum blanc. Un thé donc original, que l’on préparer également froid, en le laissant infusé au frigo durant la nuit.
  • Thé vert au jasmin : un jasmin classique, pour un prix abordable.
  • Thé vert à la menthe nanah : un thé vert très « thé à la menthe d’Afrique du nord ».

Thés blancs

  • Earl Grey Magique : un earl grey qui n’a pas que sont prix de magique (près d’un euro le gramme). Le gout est incroyable. Les aiguilles d’argent Yin Zhen (jeunes bourgeons) jouent pleinement leur rôle.
  • Great Earl Grey : un délicat thé blanc parfumé à la bergamote.

Rooibos – « Thés rouges »

  • Rouge Sahara : C’est le pendant en thé rouge, du sympathique thé du Sahara. On garde l’aspect frais et fleuri de la version thé.
  • Green Mountain – Rooibos Vert : Cape and Cape propose des thés et des rooibos venus d’Afrique. Le green mountain est l’un d’entre eux, léger, joli à l’œil, avec un joli parfum délicat, idéal pour les longues soirées d’été.

A Girl With Tea – https://www.flickr.com/photos/agirlwithtea/6196131680/

Chat par Synology

Synology est en train de profiter de sa grande expertise dans les NAS pour proposer au-delà d’un matériel de qualité et d’une interface graphique soignée de plus en plus de paquets permettant à l’utilisateur de s’émanciper, s’il le souhaite, des géants grands publics du SaS et Cloud. Ce n’est pas du logiciel libre, mais c’est un bon début.

Après la galerie photos, le gestionnaire de notes et le tableur, Synology propose en cette fin d’année plusieurs programmes en Beta, dont un traitement de texte et un chat.

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Si vous avez aimé Google Docs et Slack, vous ne serez pas dépaysé. Je vous propose un rapide tour d’horizon de Chat by Synology.

Un Chat vert

Disponible pour Desktop, iDevice et Android, l’application arbore comme nombreuse de ses consœur une icône verte.

On y retrouve un fonctionnement basé sur des chaines thématiques (on aurait dit sous-forum en 2000) reposant sur un design proche de Slack.

On y retrouve tout ce qu’il faut pour faire un outil d’échange moderne : partage de fichiers, stickers, partage d’images, hashtags, réactions sur un message, mise en favoris, …

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Exemple de réactions

Un menu propose également de retrouver les derniers liens et fichiers partagés dans une chaîne.

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Originalité, Chat propose également de publier directement dans l’outil des « billets ». Pour le moment les possibilités sont très sommaires, il s’agit exclusivement de texte sans mise en forme et de smileys. Mais cela ouvre de belles perspectives pour l’avenir.

synology-chat-billetsLe moteur de recherche propose quant à lui un grand nombre d’opérateurs pour explorer les échanges :

synology-chat-rechercheLes applications mobiles quand à elles fonctionnent bien, arborant un style graphique tout aussi épuré que la version « bureau ». Je n’ai pour le moment pas réussi à me connecter sur Android avec les comptes ayant la double authentification activée.

A l’image des autres outils Synology nous sommes confrontés aux limites du modèle de NAS que l’on a choisi (Chat n’est pas disponible pour tous et consomme un peu de ressources) et à celles du débit de notre connexion web. Les versions mobiles s’en tirent un peu mieux, l’interface n’étant pas à charger.

En bonus, il est possible de permettre aux utilisateurs se connectant via un annuaire LDAP d’utiliser le chat, ainsi que de mettre un système de webhooks depuis des applications tierces.