Notre société a bâti, depuis 100 ans, une grande partie de son identité sur sa capacité à dupliquer, diffuser et conserver sa culture. L’imprimerie est à la base de cette identité. (C’est l’histoire d’une disparition – François Houste)
En cette période "numérique", l’image a pris une place prédominante dans la communication. L’omniprésence du selfie est l’aboutissement d’une double décennie où la montée en puissance du hardware, la croissance inexorable des vitesses de connexion et l’équipement des populations en smartphone ont permis, d’abord au plus geeks, et aujourd’hui au tout à chacun, de partager ses clichés.
Dans cette frénésie de l’étalement de soi et de son art, le choix de l’outil permettant le partage n’est pas anodin. Comme je l’interrogeais sur les méthodes de sauvegarde de données, nous avons aujourd’hui le recul nécessaire pour savoir que les empires numériques, encore plus rapidement que ceux du monde géopolitique, finissent pas mourir.
Pour ma part, j’ai commencé le partage de photos en 2004 au travers de l’auto-hébergement et du monde de l’open source avec l’excellent Coppermine #deadnow. S’en suivra des années de panachage entre flickr (qui finira par faire n’importe quoi avec sa politique tarifaire, oubliera de se moderniser et perdra à mes yeux toute crédibilité avec son rachat lors du démantèlement de Yahoo) et Picasa,l’ancêtre de Google Photo, ce dernier n’étant en terme de fonctionnalité qu’une honteuse régression. Pour les amnésiques, n’oublions pas que le géant de Mountain View est un spécialiste de l’élimination de ses créations https://killedbygoogle.com/.
Si je résume mon parcours : un script non maintenu et vieillissant, une fermeture de services pour une version édulcolorée et un autre qui passe de mains en mains sans évolution.
Après les années glorieuses de flickr, la massification du partage de photos s’est opérée sur Facebook pour s’éditorialiser au quotidien sur Instagram.
Bien sûr, il y a de nombreux services qui proposent de vous aider à héberger vos photos et à les partager. Dans les plus crédibles pour photographe, on notera 500px, lightroom album et Adobe portfolio / Behance. De par son réencodage à la hache et sa nature, Facebook n’est pour moi pas une solution (on attend le grand effondrement) tout comme Instagram et sa purée de pixels.
Entre les fermetures de services, le manque de maintien de certaines applications et la perte de hype de certaines plateformes, que reste-t-il en 2019 pour auto- héberger ses photos ? Spoiler Alert : pas grand-chose …
2019
A l’origine, j’avais prévu de faire un article dédié à l’excellent Koken, dont le destin est bien plus qu’incertain. Mais je me suis laissé aller à quelques divagations.
Parmi les grands services d’hébergement, j’utilise :
- Flickr : abandonné le jour où le tarif pro a doublé. Le récent rachat de la plateforme et la nouvelle politique commerciale liée à une stagnation des fonctions depuis bien longtemps ne me font pas imaginer un jour un retour régulier.
- Instagram : sympa, actif, narcissique à souhait … mais résolution des images ridicule, pas de listes, pas d’albums, pas de gestion des exifs, … Idéal pour le divertissement.
- 500px : point de salut au-delà des boobs et des maîtres photoshopiens.
- Google Photos : Pratique pour celles et ceux qui ont un téléphone android pour sauvegarder les photos. Le JPG de sortie n’est pas trop mauvais. La facilité de partage est au rendez-vous. Par contre, c’est Google …
Dans le milieu de l’auto- hébergement :
- Drupal et WordPress : même s’ils ne sont pas faits pour çà à l’origine, c’est l’une des pistes qui semble le plus durable. Reste que je n’ai pas encore trouvé en natif les fonctions que je recherche. Mais cela reste une bonne piste.
- Piwigo : l’application libre la plus crédible du game. Par contre pour l’interface et l’admin, on repassera. http://piwigo.org/
- Lychee : Interface soignée et réactive, import des exifs, mais des options de management presque inexistantes, comme les fonctions de partage, … https://lychee.electerious.com/
- Photo Station sur NAS Synology : C’est propriétaire, mais c’est "auto-hébergé" 🙂 L’interface est vieillissant, mais les fonctions que l’on attend d’une galerie photos en ligne sont au RDV : partage facilité, gestion des albums, albums intelligents (tri des photos et des vidéos dans des albums selon des critères personnalisés et des balises sélectionnées), gestion des exifs. L’application mobile permet en outre de sauvegarder les photos du smartphone vers le Nas ! Pour les possesseur d’un Qnap il semble y avoir un équivalent.
- Koken : distribué dans une licence inspirée du Freeware, Koken est un outil exceptionnel. On dirait lightroom (partie bibliothèque), mais en ligne ! Suite à son rachat il y a 3 ans, beaucoup d’espoirs étaient permis. Pourtant le soft stagne depuis plus de 2 ans. Comme me l’indiquait le SAV, "Koken has a robust feature set and works well. We intend to continue supporting Koken users indefinitely but are undecided about any future investments in the platform". Difficile de s’investir sur une plateforme au destin aussi incertain ! http://koken.me/
2 services semblent intéressant (découverts grâce à Romain Heuillard), mais non testé en déploiement à ce jour : pixelfed (un instagram libre) et chevereto (un flickr à déployer chez soit).
Étonnamment, l’artefact qui inonde les pages web octets après octets et qui fait pétiller nos rétines manque d’une grande plateforme libre. Je me laisse à rêver d’un Leoken libre saupoudré d’une pincée de fédération à la ActivityPub (PeerTube, Mastodon, …).
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